Nous en étions d'abord arrivés à déclarer un peu maladroitement qu'il n'y avait pas assez de pensée. Or, il nous est finalement apparu que ce ne sont pas tant les pensées qui semblent manquer, mais bien le temps, l'espace et le soin nécessaires à une véritable attention pour ces pensées et idées. Le temps, l'espace et le soin nécessaires aux impressions et informations pour qu'elles puissent se développer en pensées. Le temps, l'espace et le soin nécessaires au partage de ces pensées ; il semblerait que nous nous efforcions à avoir une opinion prête avant même d'avoir commencé à y penser, parce que tout va si vite, parce que l'on ne veut surtout pas être à la traine, parce qu'il faut être compétitifs, parce que c'est comme ça, parce que ne survivra que le mieux adapté ….

C'est donc sur ce constat de manque que s'appuie notre position: nous appelons à étirer le moment (Stretching the moment) autant que l'on le souhaite ! Nous appelons à considérer l'instant, à l'habiter, à l'investir.

Dans ce but, les quatre soirées de notre festival sont composées d'une sélection de travaux qui mobilisent le temps et l'espace autour d'eux. Certains utilisent les outils de la fiction pour construire d'autres choses, certains reflètent nos conditionnements inconscients. La plupart questionnent l'autorité du langage et demandent s'il suffit d'affirmer une chose pour la faire exister. Tous défient le spectateur par leur caractère très direct, tout en restant étroitement liés au public soit à travers le partage d'une forte intimité soit par l'évocation de grandes vérités universelles.