Professeure de philosophie politique contemporaine à l’université Toulouse Jean Jaurès, Elsa Dorlin travaille depuis vingt ans une autre histoire des corps à travers la généalogie des rapports de pouvoir modernes. Elle est l’autrice de La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française (2006/2009), et Sexe, genre et sexualités. Introduction à la philosophie féministe (2008/2021). En 2017, elle publie Se Défendre. Une philosophie de la violence. L’ouvrage, traduit en plusieurs langues, a reçu le prix Frantz Fanon de la Caribbean Philosophical Association. Elle a récemment dirigé l’ouvrage collectif Feu ! Abécédaire des féminismes présents (2021). Poursuivant sa réflexion sur la complexité des mécaniques de la domination, du sexisme, du racisme et du capitalisme, sa pensée se tient au plus près des résistances.

Dans le cadre du programme In Harms Way, Elsa Dorlin parlera des stratégies féministes d'autodéfense: « Partir du nous, du je, du plus profond de son intimité ou du bouillonnement de nos collectifs, c'est toujours tenter de reprendre vie, reprendre corps, reprendre le réel. La violence patriarcale a non seulement pour effet de brutaliser nos vies mais elle a l'efficacité d'un système dans lequel, pour nous protéger, nous prenons sur nous, nous disciplinons nos corps, nos imaginaires et nos désirs, nous refermons nos mouvements, nous nous faisons agréables, discrètes, polies et conciliantes... Nous perdons confiance en notre propre réalité. La sagesse des proies est une forme d'autodéfense pour se sauver. L'autodéfense féministe part de cette culture où de fait nous sommes tout·es expert·es de la violence ; mais elle est à la fois une technique concrète, une boîte à outils prosaïque, physique, sensitive, musculaire et aussi une éthique de soi, une politique de la libération et du soulèvement. » - Elsa Dorlin

+ une conversation avec Véronique Clette-Gakuba

Véronique Clette-Gakuba est assistante et chercheuse en sociologie à l'Université Libre de Bruxelles (ULB- Centre de recherche METICES). Ces thématiques de recherche s'articulent autour des questions de colonialité, de négrophobie et des processus de résistance noire situés au croisement de la production artistique, de l'activisme politique et de la recherche communautaire. Elle défendra prochainement sa thèse de doctorat (juin 2023) intitulée "Epreuve de colonialité dans l'art et la culture. Faire exister un monde noir à Bruxelles ». Véronique Clette-Gakuba est membre du collectif Présences Noires, un collectif de lutte anti-raciste qui depuis 2010 mène une réflexion collective visant à comprendre et à réagir aux mécanismes de continuation coloniale qui traversent la société belge et qui assignent les personnes noires à des positions de subalternité au sein de toutes les sphères de la société belge.  

Dans le cadre de In Harm’s Way, une conversation sur la violence sexuelle, l'autodéfense et les stratégies artistiques

Le 17 mars ne te convient pas ? Rendez-vous au Bozar le 16 mars ! find out more