*To the distant observer
They are chatting of the blossoms
Yet in spite of appearances
Deep in their hearts
They are thinking very different thoughts
Pour un observateur lointain
Ils conversent de fleurs
Mais en dépit des apparences
Tout au fond de leur coeur
Leurs pensées sont ailleurs*
Ki No Tsurayaki
Série cinématographique composée par Zéro de conduite, sur bande originale live de Joachim Badenhorst.
Joachim Badenhorst est l'un des musiciens les plus passionnants de la scène belge du jazz et de l'improvisation. Après son premier numéro solo The Jungle He Told Me, encensé par la critique, il sort avec FOREST//MORI un nouvel opus non moins splendide. À l'occasion de cette soirée, baptisée To the Distant Observer, Badenhorst dialoguera avec une série cinématographique composée par Zéro de conduite et axée sur la force et la fragilité, la violence et la tendresse du regard.
En 2013, les réalisateurs de documentaire Elias Grootaers, Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes fondent la plate-forme de production et de distribution Zéro de conduite. Le nom est choisi en référence au film éponyme de Jean Vigo, réalisé en 1933 comme une ode lyrique à la rébellion de la jeunesse.
Film (Samuel Beckett/Alan Schneider, 1965)
Le meilleur film irlandais de tous les temps. - Gilles Deleuze
Le seul film de Samuel Beckett et le dernier de Buster Keaton. L'idée fondamentale du film repose sur cette citation de George Berkeley, philosophe irlandais du XVIIIe siècle : « esse est percipi (aut percipere) », « être, c'est être perçu (ou percevoir) ». Beckett disait lui-même : C'est un film sur le regard, sur l'observé et l'observateur, deux facettes d'un même homme. Tandis que l'observateur souhaite percevoir avec ardeur, l'observé essaye désespérément de se dérober à son regard. Et en fin de compte, l'un des deux l'emporte.
Screen Tests (Andy Warhol, 1963-1964)
Screen Tests est une série de portraits cinématographiques des habitués de la Factory, célèbre atelier d'artistes créé par Andy Warhol. Des bobines 16 mm sont projetées au ralenti sans interruption. La caméra s'élance crûment, et en même temps de façon séduisante, sur les portraits qui, comme dans un rêve, nous renvoient leur regard. Des films sur la fragilité de l'observateur et de l'observé, sur la force de la caméra qui ne s'arrête jamais de regarder, qui ne s'ennuie jamais, qui ne détourne jamais le regard, sur la mortalité, la précarité, la nature banale et à la fois mystique de la face humaine.
New York, N.Y. (Raymond Depardon, 1986)
Quelle approche adopter face à un sujet aussi colossal que New York City lorsqu'on est réalisateur de documentaires ?
En trouvant refuge au milieu des foules qui remplissent les rues de ces métropoles géantes. Pour quelques heures, pour quelques jours, j'étais un habitant, un des leurs, un métropolitain un peu spécial. Je restais un étranger, mais un étranger adopté, protégé par la foule. J'ai toujours aimé être invisible, disparaître dès que ma présence était remarquée, me glisser subrepticement d'une rue à l'autre, sans essayer de me cacher. Je restais un touriste marchant en dehors des sentiers battus, empli de curiosité, mais toujours un amateur. - Traduction libre d'un extrait du Voleur d'images (The Picture Thief) de Raymond Depardon
À propos de Nice (Jean Vigo, 1930)
Premier film de Jean Vigo, par Boris Kaufman. On pourrait qualifier ce film de symphonie urbaine, mais À propos de Nice refuse de se poser en célébration moderniste de la ville. Vigo et Kaufman rassemblent les habituels traits et figures de style de la symphonie urbaine, le mouvement, la machinerie, le travail, le sport et le temps libre, pour les percer à jour et pour en nier l'existence.
Le but du documentaire social sera atteint si l’on parvient à révéler la raison cachée d’un geste, à extraire d’une personne banale et de hasard sa beauté intérieure ou sa caricature, si l’on parvient à révéler l’esprit d’une collectivité d’après une de ses manifestations purement physiques.
Et cela, avec une force telle, que désormais le monde qu’autrefois nous côtoyions avec indifférence, s’offre à nous malgré lui au-delà de ses apparences. Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux.
Extrait d'un exposé de Jean Vigo intitulé Vers un cinéma social, donné à l'occasion de la deuxième projection d'À propos de Nice.
Live soundtrack by Joachim Badenhorst