Depuis quelques années, Beursschouwburg projette, en collaboration avec Offscreen, des films sur notre terrasse pendant tout le mois de juin. Un nouveau genre est né : les films en terrasse ! Nous sélectionnons les meilleurs films et documentaires pour vous offrir une rétrospective de l’histoire récente de la musique. Chaque année est consacrée à une nouvelle décennie. Nous avons démarré par les sixties et cette année sera consacrée à la dernière décennie de films musicaux, les années 2000.
Les 00’s - également appelées Ohs ou nillies ou noughties - désignent la décennie qui a fait du monde globalisé notre terrain de chasse. C’est la décennie de 9/11 qui nous imposa une War on Terror permanente, et de la crise financière de 2008 dont les conséquences ont refroidi les partisans de la croissance. Contrairement à l’économie, la température terrestre et le réseau Internet mondial ne cessent de croître. Un tsunami d’informations est à portée de tous et la musique est présente en permanence dans notre quotidien tandis que l’industrie musicale, confrontée à la révolution technologique, est quasi en fin de vie. On a l’impression qu’il n’y a pas de centre de gravité pop comme si tout tendait vers une marge toujours plus grande où chaque goût est servi au doigt et à l’œil.
On pourrait argumenter que les plus grandes tendances musicales des années 2000 n’étaient pas incarnées par des artistes individuels ou de nouveaux genres attrayants, mais plutôt par des téléchargements illégaux de MP3, par l’invention de l’iPod et de l’iTunes, par le partage de vidéos et de musiques gratuit de YouTube, MySpace et Spotify ainsi que par la démocratisation des moyens de production et de distribution permettant à chaque enfant de devenir une légende musicale dans sa chambre à partir d’un ordinateur.
Aucune tendance musicale ne définit la décennie, bien que le hip-hop ait fait place au R&B. Cette musique populaire domine à l’époque de plus en plus la scène musicale à tel point que les grandes idoles pop (tels que Justin Timberlake) « urbanisent » leur musique. Rihanna, Beyonce, Eminem, Outcast, R. Kelly, The Black Eyed Peas et Kanye West sont des artistes qui ont conquis le monde entier. Les artistes féminines occupaient davantage le devant de la scène. Des chanteuses aux voix soul authentiques (la regrettée Amy Whinehouse), à la personnalité singulière (Lady Gaga) et aux voix et corps modelés en bitches grâce à l’auto-tune (Britney Spears, Christina Aguilera). Le rock a bien résisté en apparaissant sous différentes formes : le rock indé et le post-rock (Arcade Fire, The White Stripes, Kaiser Chiefs, etc.) ou le soft rock à la Coldplay. Alors que la danse est devenue un commerce fructifiant et que Tomorrowland est en plein boom, la musique de la décennie précédente fait son retour, sur une bande-son dissimulée sous un échantillon ou on stage dans beaucoup de concerts retrouvailles. Chaque style a trouvé son métissage et chaque genre son sous-genre : pop punk, post-grunge, trance, electro-house, nu metal, metalcore, emo, teen pop, crunk et snap. De tous les coins du globe, la musique locale est exportée et mondialisée : des chansons indiennes de Bollywood en passant par le reggeaton d’Amérique latine et la rumba congolaise au volenska ou hopelandic de l’Islandais Sigur Rós. L’univers musical des années 2000 semblait d’une part, incohérent et fragmenté en raison de la globalisation. Mais d’autre part, le monde entier se trouvait sur la playlist d’un iPod.