L'antispécisme, la lutte pour la libération animale, a subi un traitement particulier au sein des luttes sociales, lui conférant une place marginale, parfois même renvoyée à une forme de privilège ou de luxe de la pensée. Le discours performatif qui a fait de l'antispécisme une lutte "blanche" arrive pourtant aujourd'hui à bout de souffle ; pourquoi est-il important de parler d'antispécisme en termes situés ? Quels sont les rapports entre colonialisme et spécisme ? Entre race et espèce ? Dans ce talk, Chams Barkaoui et Myriam Bahaffou ouvriront des questions depuis une perspective nord-africaine et décoloniale sur la question de notre (non) consommation d'animaux non-humains et de ses conséquences politiques.

à propos

Chams Barkaoui est auteur et artiste transmédium. Iel est diplômé des Beaux-Arts de Grenoble et vit aujourd'hui à Marseille (FR). Nourri par les écologies queers et décoloniales, iel pense son travail comme un outil qui permet de former, de transmuter et de choyer des relations interespèces et interdimensionnelles. Iel porte une contre-humanité pour une libération totale, en allant, par des procédés de narration, rendre poreuses les catégories animales, végétales, minérales, spirituelles et technologiques. Attaché aux pratiques collectives, iel anime des ateliers axés sur le soin communautaire et travaille en collaboration avec d'autres auteur-ices, chercheur-euses et artistes. En parallèle, son écriture prend la forme de cartographies, d'essais (Manifester la magie, autoédition, 2020) et de fictions publiées dans des revues (Censored, Woman Journal) ou lues en public dans divers lieux d’art. Actuellement, iel entame la création d’une forme scénique pour incarner les récits de Foussana qui se passent dans le centre-ouest tunisien. Iel sera en résidence à la Maison Poème (Bruxelles) en novembre 2024, au Point Ephémère (Paris) en décembre 2024, et à Artagon Marseille jusqu'en avril 2025.

Myriam Bahaffou est doctorante en philosophie féministe (à l’Université de Picardie Jules Verne, Centre Universitaire de Recherches sur l'Action Publique et le Politique- CURAPP), militante écoféministe, aquaphile fascinée d'échinodermes, antispéciste joyeuse et éropoliticienne tonitruante. Elle construit dans son travail une approche intersectionnelle de l'antispécisme, en s'intéressant aux dynamiques d'animalisation et d'humanisation des minorités, en particulier raciales. Son livre "Des paillettes sur le compost, écoféminismes au quotidien" est sorti chez Le passager clandestin en 2022.