Une recherche sur les écoles de guérilla en Guinée Bissau exige de réapprendre à marcher : une navigation consciente qui mobilise tout le corps sur un terrain difficile.
Mangrove School, Sónia Vaz Borges & Filipa César et al, video & 16 mm transferred to video, 2K, sound, color, 35’, 2022, PT, FR, SP, GB, DE, Guinea-Bissau Creole ST EN
'Nous sommes retournés en Guinée Bissau pour étudier les conditions de vie des élèves dans les écoles de guérilla de la mangrove. Or, nous nous sommes rapidement mis à l'école des lieux, et notre première leçon a été d'apprendre à marcher. En marchant droit, en posant d'abord les talons sur le sol, on risque de glisser et de tomber dans les barrages inondés des rizières ou de s'enliser dans la boue. Il faut au contraire abaisser le corps, fléchir les genoux et enfoncer ses orteilles verticalement dans la boue, tendre les bras dans un mouvement conscient et présent. À l'école de la mangrove, l'apprentissage requiert le corps tout entier.'
Sónia Vaz Borges est une historienne militante interdisciplinaire et une animatrice socio-politique. Elle a obtenu son doctorat en philosophie à l'université Humboldt de Berlin. Elle est l'auteure du livre ‘Militant Education, Liberation Struggle ; Consciousness : The PAIGC education in Guinea Bissau 1963-1978’, (Peter Lang, 2019). Elle est actuellement chercheuse à l'université Humboldt de Berlin. Dans le cadre de son travail universitaire, Vaz Borges élabore une proposition de livre axée sur son concept « d’archive ambulante » et sur le processus de la mémoire et des imaginaires.
https://www.soniavazborges.com/
Les travaux de Filipa César s'étendent de la réalisation de films à l'écriture en passant par l'organisation d'assemblées. Elle s'intéresse aux aspects fictifs du montage cinématographique, aux frontières poreuses entre l'image en mouvement et sa réception, ainsi qu'à l'économie, la poétique et à la politique inhérentes à la pratique cinématographique. Les recherches de César sur les imaginaires du mouvement de libération de la Guinée-Bissau, en tant que laboratoire d'épistémologies décolonisantes, ont commencé en 2011 et ont été développées dans de nombreux projets collectifs tels que Luta ca caba inda et Mediateca Onshore. Son travail a été présenté à l'échelle internationale dans des festivals de films, des biennales et des lieux d'art.
