Un film poignant sur la vie dans les camps de réfugiés européens, où les limites de l’acceptable et de l’inacceptable, d’un point de vue éthique, ne cessent d’être repoussées.
Dans un style évoquant d’anciens films ethnographiques et propagandistes, des hommes et des familles sont filmés de manière directe, sans compromis : sans son, en noir et blanc et en 16 mm. Le réalisateur analyse les circonstances dans lesquelles vivent les migrants dans quatre camps de réfugiés européens, notamment la « jungle » de Calais. On y voit des tentes et des huttes précaires, des intérieurs remplis de couvertures et d’aliments glanés çà et là (lait, sucre, farine), la saleté de l’environnement… La vie humaine y est ramenée, de manière radicale, à sa forme la plus vulgaire et la plus primitive.
Certaines actions et des gestes performatifs sont mis en scène, par exemple le « don » de chaussures et de manteaux ou le moment où le visage d’un homme noir est peint en blanc. Żmijewski recourt consciemment à l’esthétique des films de propagande des années 30, 40 et 50 pour montrer, le plus douloureusement possible, la manière dont nous mettons en images les migrants — « les autres » — et donc dont nous les traitons (images en noir et blanc, photos semi-amateurs, contrastes élevés). À travers la dureté de cette confrontation à la pauvreté et au désespoir que l’on préférerait ne pas voir, Żmijewski va toujours plus loin dans le jeu entre l’acceptable et l’inacceptable.
PL/DE, 2017, 14’, muet, commence toutes les 15’.